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Défi plus : Un super-papa

Posted 30 April 2019
 Défi plus : Un super-papa

Défi plus : Un super-papa
FAMILLE MONOPARENTALE Ravin Jany, le superpapa positif… Ravin Jany est un père atypique. Depuis 2012, il élève tout seul ses quatre enfants. A-t-il des super pouvoirs ? « Non, j'ai juste fait ce qu'il fallait faire, » confie cet habitant de Tamarin de 37 ans. 

À l’avenue Rouget à Tamarin, Ravin Jany nous accueille dans sa modeste demeure familiale où il vit dans une chambre avec ses quatre enfants. Cet homme de 37 ans est chauffeur. Séparé de sa femme, il s’occupe de ses enfants depuis sept ans. Veiller à leur éducation est sa priorité et pour subvenir à leurs besoins, il cumule de petits boulots afin d’arrondir les fins de mois pour leur offrir un meilleur avenir. Chaque matin, il se réveille à 6 heures 30 pour préparer le repas de midi de ses enfants. C’est son fils Aditya (11 ans) qui va acheter le pain au quotidien, après avoir décidé du contenu du repas de midi la veille avec son père. Ses frères Varkesh (13 ans) et Lucky (9 ans) prennent leur bain et s’habillent pour aller à l’école. Le premier nommé est scolarisé au collège SSS Bambous, et le deuxième garçonnet est en Grade IV à l’école St Benoit RCA. Le dernier, Akhilesh, est en Grade I dans la même école que son grand frère. Pour se brosser les dents, il compte sur son père. Idem pour s’habiller et aller en classe vers les 8 h15. Ravin Jany quitte la maison vers les 7 heures 30 pour vaquer à ses affaires. Il revient vers 9 h 30, il passe un coup de balai dans la maison et étend le linge. Il profite aussi pour cuisiner les repas du soir. Vers les 13 heures, il sort à nouveau pour faire des courses. Puis, à 16 heures il se prépare pour se rendre au boulot. Il est le chauffeur d’un politicien réputé dans l’ouest du pays. Ce n’est qu’à 22 heures qu’il termine son service. De nouveau à la maison, il jette un coup d’œil sur les enfants qui dorment après avoir dîné avec leurs grands-parents. Dans leur sommeil, il leur fait des câlins et en profite aussi pour les installer dans une position confortable pour qu’ils puissent bien dormir. Ce n’est que durant le week-end que père et fils font des sorties en famille. Manger un KFC ou faire une partie de pêche, telles sont les activités les plus communes de la petite famille. Ce moment avec eux est du pur bonheur pour Ravin, qui s’est battu pour avoir la garde de ses enfants. Un choix qu’il ne regrette pas, car il sait que ses enfants sont heureux avec lui. Il confie que l’occasion de refaire sa vie s’est présentée à plusieurs reprises, mais être père célibataire lui convient parfaitement. Pour bien grandir ses enfants, 
Ravin suit un cours de parentalité. « Je m’en sors à merveille », dit-il en éclatant de rire. Et même si mettre fin au désordre de ses fils demeure un véritable casse-tête, le père de famille garde le sourire, car ses enfants, ils les aiment plus que tout au monde. Actuellement, le père de famille est en attente pour un logement social. Des rêves, il en a plein la tête. Et ses enfants ont de grandes ambitions. Pour y arriver, tous mettent du sien. Son fils aîné Varkesh fait du karaté après les heures de classe. Il souhaite un jour devenir officier de la Special Mobile Force. Aditya, le cadet, joue au football tout comme son frère Lucky. Ce dernier lui veut devenir avocat. « Il se surpasse avec des performances remarquables en classe », confie son père, tout fier. Quant au petit dernier, Akhilesh, il fait de l’équitation et aspire à devenir jockey. Toutes ces activités que font ses fils lui auraient coûté beaucoup d’argent si Ravin n’avait pas eu de l’aide de l’ONG Anges du Soleil qui accompagne ses enfants dans leur développement personnel. Ravin est reconnaissant envers l’ONG. Il ne baisse pas les bras et tente de faire de son mieux pour garder ses enfants heureux. Et à son tour, il essaie de redonner ce qu’il reçoit en aidant à sa façon cette ONG qui œuvre à faire une différence dans la vie des enfants des cités précarisées des villages de l’Ouest.
SON HISTOIRE 
C’est dans une bicoque en tôle que Ravin Jany voit le jour. Son père travaille à la Central Water Authority et sa mère est femme au foyer. À 12 ans, Ravin Jany quitte l’école après le Certificate of Primary School. Son père construit une maison en béton et Ravin l’aide pour couler la dalle. Il fréquente ensuite une école technique grâce au soutien du Frère Lourdes et apprend divers métiers. À 14 ans, il travaille dans une boulangerie que gère une expatriée à Tamarin. Les premiers jours, il transporte des sacs de farine sur le dos. Un mois plus 
tard, il modèle la pâte pour en faire des pains escargots Il y reste durant environ deux ans. Il remet une bonne partie de son salaire à ses parents pour faire avancer les travaux de leur nouvelle maison. Ravin Jany a 16 ans lorsqu’il intègre la compagnie Maxi Clean. Perché sur le camion, il sillonne les routes de la localité pour ramasser les ordures. Il balaie aussi les drains. « Je devais travailler, on vivait dans la précarité. » Après trois ans, il devient gardien de sécurité au Centre de Jeunesse de Tamarin. Et là qu’il s’initie au social et devient plus tard le président du centre où il organise des activités pour quelques 300 jeunes habitant de Beaux-Songes à Le Morne, en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et du Sport. À l’agenda, football, pétanque et randonnées, entre autres. Puis, il est admis dans une compagnie de construction chargée des travaux de drains à Tamarin. Et quelques jours plus tard, il est embauché par le ministère des Collectivités locales, mais après neuf mois, il perd son boulot. Il atterrit ensuite chez un politicien qui lui offre du boulot. Homme à tout faire, il habite une dépendance. En 2007, il rencontre l’amour. Sa femme a 10 ans de moins. De cette union naissent quatre enfants. Très vite la situation s’empire, car Ravin ne peut pas offrir la vie dont rêve sa femme. Celle-ci prend les 
enfants et s’en va. Le nouveau train de vie de la mère de ses enfants ne plait guère à Ravin. Commence ainsi la bataille pour la garde des enfants. Et au final Ravin récupère ses enfants. « Elle a eu le droit de visite, mais on ne l’a jamais revue», dit le père de famille qui fait tout son possible pour que ses fils ne manquent de rien. 
Ravin Jany : « Je reste positif et mes fils me donnent le courage pour avancer vers demain